Soutenance de thèse de Valentine DAMAY

Ecole Doctorale
Langues Lettres et Arts
Spécialité
LANGUE ET LITTERATURES FRANCAISES
établissement
Aix-Marseille Université
Mots Clés
contes de fées,texte et image,visibilité,aristocratie et bourgeoisie d'Ancien Régime,transvestisme,sensualité
Keywords
fairy tales,text and picture,visibility,aristocraty and bourgeoisie of the Ancien Régime,transvestism,sensuality
Titre de thèse
L'éclat des contes de fées. Mme d'Aulnoy, Mme de Murat, Mlle de La Force et le Chevalier de Mailly
The idea of "éclat" in the fairy tales. Mme d'Aulnoy, Mme de Murat, Mlle de La Force and le Chevalier de Mailly
Date
Vendredi 4 février 2022 à 14:00
Adresse
Aix Marseille Université UFR ALLSH 29 avenue Robert Schuman 13621 Aix-en-Provence cedex 1
maison de la recherche
Jury
Directeur de these M. Stéphane LOJKINE Aix Marseille Université
Rapporteur Mme Nathalie GRANDE Université de Nantes
Rapporteur Mme Marie-Gabrielle LALLEMAND Université de Caen Normandie
Rapporteur M. Leplâtre OLIVIER Université Lyon III Jean Moulin

Résumé de la thèse

Le conte de fées de la fin du XVIIe siècle est relu aujourd’hui selon une perspective qui souligne l’importance du féminin dans la constitution du genre : Mme d’Aulnoy, Mlle de La Force et Mme de Murat, mais aussi le Chevalier de Mailly, en sont des figures clés. Mais l’œuvre de ces auteurs ne mérite pas l’attention uniquement du point de vue de cette « écriture féminine » qui fait leur originalité face au trop célèbre Perrault. En effet, leur particularité tient aussi de la manière dont ces contes jouent avec les enjeux sociaux qui bouleversent alors la France. Les quatre auteurs qui nous intéressent ont tous un lien particulier avec une aristocratie française dont le déclin accompagne la montée en puissance de la bourgeoisie ; en cela, leurs textes semblent un reflet essentiel de la concurrence de valeurs qui transforme la société d’Ancien Régime. L'éclat permet d'appréhender dans les contes un conflit qui n'a jusqu'alors été que très peu considéré. D'un côté, certains personnages incarnent le corps aristocratique. Ils ne sont pas nécessairement rois, reines, princes ou princesses, mais leur naissance est toujours confirmée au fil du récit, et surtout, leur visibilité est garantie par une éclatante beauté. D'un autre côté, face à ces personnages aristocratiques apparaît un régime de visibilité concurrent, alternatif : il s'organise selon des valeurs nouvelles, qui sont des valeurs bourgeoises. Les fées, quant à elles, appartiennent à un régime de visibilité intermédiaire. Face au regard critique et évaluateur du personnage bourgeois, et de celui, émerveillé, que suscite l'éclat aristocratique, elles mettent en œuvre un nouveau type de regard, qui la rapproche de la figure de la conteuse : il s'agit d'un regard lecteur. De plus, l'éclat implique un engagement physique, dans la lignée des plus dignes chevalier, en quête d'action sur les champs de bataille. Mais cet héritage tient surtout du mythe, au XVIIe siècle. Dans les contes, la dégradation de l'idéal chevaleresque, proprement masculin, va offrir aux conteuses de consacrer un éclat féminin : l'éclat des contes est l'éclat, physique et moral, de femmes incomparables qui permettent aux valeurs aristocratiques de subsister. Enfin, le dispositif de l’éclat permet de mieux comprendre les enjeux de visibilité qui sous-tendent ce face-à-face, et offre aussi d’interroger tout le potentiel scandaleux des contes, puisque le portrait en négatif des corps sociaux n’interdit pas l’union transgressive de corps charnels.

Thesis resume

Fairy tales of the late XVIIth century are reconsidered nowadays according to the importance of the feminine aspect of this literary genre: Mme d’Aulnoy, Mlle de La Force, Mme de Murat, and also le Chevalier de Mailly are the key figures of it. However, the work of these authors is not only interesting according to this “feminine writing” which makes them original, in front of the too famous Perrault. They also deserve to be read because they are linked with the troubling issues that France of this period is confronted with. These four authors are all connected to the French aristocracy whose decline is in line with the rise of the bourgeoisie; in this, their texts seem to reflect the competition of values, which disrupts the society of Ancien Régime. The idea of “éclat” allows to understand a conflict in fairy tales, which has received little coverage until now. On the one hand, some characters embody the aristocracy. They don't have to be king, queen, prince or princess, but their birth is always confirmed throughout the story, and their visibility is guaranteed by their beauty. On the other hand, in front of aristocratic characters appears another regime of visibility, alternative and competing, which stands for new bourgeois values. Fairies, meanwhile, belong to an intermediate regime of visibility. Facing the judging and critical look of the bourgeois character, and the one, amazed, generated by the aristocratic “éclat”, fairies implement a new type of look, which get them closer to the storyteller : it is a reader look. Moreover, the idea of “éclat” implies a physical commitment, in the tradition of the most worthy knights, looking for action on the battlefield. But this heritage is, above all, a myth, in the XVIIth century. In fairy tales, the deterioration of the chivalric ideal, specifically masculine, enables the storytellers to create a feminine “éclat” : the idea of “éclat” is embodied in incomparable women who help aristocratic values to survive. Finally, the device of “éclat” provides a better understanding of the underlying issues of visibility of this face-to-face, and also it allows to consider the scandalous potential of the fairy tales, because the picture of social bodies does not mean that physical bodies cannot enter the representation.