Soutenance de thèse de Sara EL MAJHAD

Ecole Doctorale
Langues Lettres et Arts
Spécialité
ETUDES ANGLOPHONES
établissement
Aix-Marseille Université
Mots Clés
Hollywood,Représentations filmiques,Identité,Civilisation des Etats-Unis,Orientalisme,
Keywords
Hollywood,Representations,Identity,Film studies,Orientalism,
Titre de thèse
L'identité maghrébine au prisme d'Hollywood : une approche généalogique des représentations filmiques de l'altérité
Maghrebi identity through the Hollywood lens : A genealogical approach to filmic representations of otherness
Date
Vendredi 9 Juin 2023 à 14:00
Adresse
29 Av. Robert Schuman, 13100 Aix-en-Provence
Salle de colloque 1 Bâtiment multimédia
Jury
Rapporteur M. Gilles MENEGALDO Université de Poitiers
Rapporteur Mme Anne-Marie PAQUET-DEYRIS Université Paris Nanterre
Président Mme Cécile COTTENET Aix-Marseille Université
Directeur de these M. Sébastien LEFAIT Aix-Marseille Université
Examinateur M. Mehdi DERFOUFI Université Paris 8

Résumé de la thèse

Cette thèse propose une étude des mécanismes de construction et d’évolution des représentations filmiques de l’altérité à travers le cas particulier de l’identité maghrébine dans le cinéma des États-Unis. Elle se fonde sur une analyse quantitative de l’ensemble des long-métrages de fiction américains produits entre 1914 et 2020 portant un discours sur l’identité maghrébine, que ce soit à travers l’emploi du Maghreb comme espace diégétique ou la présence d’un personnage identifié comme maghrébin. S’y ajoute une analyse qualitative des long-métrages manifestant une mutation significative de ces représentations. Entre 1914 et 2020, les États-Unis ont produit un peu plus de 200 long-métrages où le Maghreb est représenté. Ces films se caractérisent par la permanence de certains éléments iconographiques (l’image du désert, l’omniprésence de couleurs chaudes), narratifs (récits d’enlèvement ou d’espionnage), ou relatifs à la construction des personnages (sultan despote, danseuses du ventre), et ce malgré la diversité des thèmes et des genres cinématographiques. La région est présentée comme un désert romancé peuplé de Sheik aussi séduisants que Rudolph Valentino dans le film éponyme de 1921, ou de légionnaires intrépides tels Gary Cooper dans Beau Geste (1939). Elle est le théâtre des premières victoires des États-Unis sur l’Allemagne nazie dans les films de guerre des années 1940, le repaire de Barberousse et autres corsaires des côtes barbaresques dans les années 1950 ou encore la toile de fond exotique des aventures d’espions tels que James Bond, Ethan Hunt ou Jason Bourne dans les années 2000 et 2010. L’analyse croisée des représentations filmiques et de l’évolution du contexte historique permet de dresser une généalogie de la représentation du Maghreb à Hollywood et de mettre ainsi en avant les conditions d’émergence et de permanence des représentations de l’altérité, ainsi que les raisons de leur disparition ou de leur mutation. Ce travail de recherche s’appuie sur les outils théoriques et méthodologiques issus de divers champs d’étude, notamment les études culturelles et filmiques (cultural studies et film studies). Les travaux de Stuart Hall sur les régimes de représentation de l’altérité et le rapport entre l’identité culturelle et la représentation filmique en sont le socle. L’analyse des représentations s’inscrit par ailleurs dans le sillage des études postcoloniales. Elle prolonge notamment la critique saïdienne et post-saïdienne de l’orientalisme, en particulier les travaux sur les spécificités de l’orientalisme américain et ses manifestations à Hollywood menés par divers auteurs à partir des années 2000. Le regard que pose ce travail de recherche sur les États-Unis dans leur rapport au Maghreb s’aligne sur celui porté par l’étude de Brian T. Edwards sur la place de l’identité maghrébine dans l’imaginaire américain, tout en questionnant ses limites. Il s’inscrit, par ailleurs, dans la continuité des travaux initiés par André Gaudreault sur la « nouvelle histoire du cinéma », qui tentent de replacer le cinéma dans l’histoire de l’art et de redéfinir son rapport aux autres médias. En somme, cette thèse propose une méthodologie pour l’étude généalogique des représentations filmiques de l’altérité, dessine une vue d’ensemble de la représentation du Maghreb à Hollywood mettant en avant les ruptures et continuités qui la caractérisent, situe cette généalogie vis-à-vis du discours hégémonique américain et identifie les occurrences pouvant être qualifiées de « contre-discours ».

Thesis resume

The aim of this dissertation is to identify and analyze the various mechanisms involved in the construction and evolution of filmic representations of otherness using as a case study Maghrebi identity as it appears in the cinema of the United States. It relies on a quantitative analysis of American feature films produced between 1914 and 2020 that carry a discourse on Maghrebi identity, either through the use of the Maghreb as a diegetic space or the presence of characters identified as Maghrebi. In addition, a qualitative analysis of feature films showing significant mutations of these representations is carried out. From 1914 to 2020, the United States produced around 200 feature films in which the Maghreb is represented. Despite the diversity of their themes and genres, these films illustrate the permanence of certain structures, whether iconographic (the desert or the use of warm colors), narrative (captivity and rescue narratives), or relating to characterization (despotic Sheiks and belly dancers). The region is presented as a romanticized desert populated by Sheiks as seductive as Rudolph Valentino in the 1921 film of the same name, or by intrepid legionnaires such as Gary Cooper in Beau Geste (1939). It was the scene of the first American victories over Nazi Germany in the war films of the 1940s, the lair of Barbarossa and other barbary coast privateers in the 1950s, and an exotic backdrop for the adventures of spies such as James Bond, Ethan Hunt and Jason Bourne in the 2000s and 2010s. The analysis of these filmic representations produces a genealogy of the representation of the Maghreb in Hollywood which, when examined in light of the evolving historical context, highlights the conditions of the emergence and permanence of representations of otherness, as well as the reasons for their disappearance or mutation. This study is based on theoretical and methodological tools borrowed from various fields, notably cultural and film studies. Stuart Hall's work on the regimes of representation of otherness and the relationship between cultural identity and filmic representation are at its core. Its approach falls within the framework of postcolonial studies, as it builds upon Saidian and post-Saidian critique of Orientalism, in particular the work on the specificities of American Orientalism and its manifestations in Hollywood carried out by various scholars from the 2000s onwards. A particular attention is paid to Brian T. Edwards' study of the place held by North Africa in the American imagination, while its limits are questioned. It is also in line with the work initiated by André Gaudreault on the "new history of cinema", which attempts to situate cinema in art history and to redefine its relationship to other media. In sum, this dissertation proposes a methodology for a genealogical study of filmic representations of otherness, outlines an overview of the representation of the Maghreb in Hollywood highlighting the continuities and discontinuities that characterize it, situates this genealogy in relation to the American hegemonic discourse, and identifies instances that can be qualified as "counter-discourses".