Soutenance de thèse de Caroline BOE

Ecole Doctorale
Langues Lettres et Arts
Spécialité
PRATIQUE ET THEORIE DE LA CREATION LITTERAIRE ET ARTISTIQUE
établissement
Aix-Marseille Université
Mots Clés
pollution sonore,écologie sonore,paysage sonore,soin de l'écoute,art sonore écologique,artivisme sonore,
Keywords
noise pollution,acoustic ecology,soundscape,listening care,ecological sound art,sound artivism,
Titre de thèse
Ces sons qui nous envahissent
These sounds that invade us
Date
Vendredi 24 Novembre 2023 à 14:00
Adresse
Frac Sud, Cité de l'art contemporain 20 boulevard de Dunkerque 13002 Marseille
Centre de Documentation
Jury
Directeur de these Mme Christine ESCLAPEZ Aix Marseille Université
Rapporteur Mme Carmen PARDO SALGADO Université de Girona
Président M. Makis SOLOMOS Université Paris 8
CoDirecteur de these M. Peter SINCLAIR École Supérieure d’Art d’Aix-en-Provence
Examinateur Mme Ilaria SARTORI Escola Superior de Música de Catalunya
Examinateur M. Loïc GUéNIN Le Phare à Lucioles, le Milieu

Résumé de la thèse

La thèse de doctorat intitulée Ces sons qui nous envahissent explore la manière d'écouter notre paysage sonore saturé par de nombreux sons technologiques de faible intensité. Le brouillard de bruit, omniprésent, complique notre écoute du monde. Nos réflexes, inconscients, de filtrage des sons sont épuisants, voire susceptibles de déclencher des maladies environnementales. L'objectif principal de cette thèse est d'alerter sur l’envahissement sonore et de chercher les moyens de prendre soin de notre fragile faculté d'écoute. L'importance de cette question réside dans une approche écosophique qui relie les trois écologies de Guattari. Inscrite dans la mention « Pratique et Théorie de la Création Artistique et Littéraire » cette thèse propose artistiquement d’archiver, d’écouter et de recycler ce que nous pourrions considérer comme des déchets sonores de faible intensité. De cette manière, nous ne subissons plus ces nuisances, mais nous les écoutons attentivement. La problématique centrale est de déterminer si une création artistique, relevant de l’art sonore, est susceptible de dénoncer les sons qui nous envahissent et, à travers cette sensibilisation, d’amener le public à développer une écoute plus claire de son environnement et d’être ainsi mieux connecté au monde. Cette problématique se confronte à une querelle académique opposant traditionnellement le World Soundscape Project initié par Murray Schafer proposant une esthétique hétéronome et documentaire du son et la philosophie de la musique et du son prônée par John Cage proposant, quant à elle, un son libéré de l’image, autonome et incarné. La méthodologie adoptée dans cette thèse est un mélange de recherche-création et de méthodologie interprétative et qualitative. La création artistique de cette thèse s’apparente à un art universitaire qui permet de proposer une expérience esthétique et de recueillir des données sous forme d'impressions et de récits d'expérience d’un public qui collabore ainsi de façon active et engagée à cette étude. Le principal résultat de cette recherche est l’élaboration d’une typologie de cinq postures d'écoute des sons qui nous envahissent. Cette typologie permet de d’esquisser la théorisation d’un nouveau concept : le soin de l’écoute. Celui-ci est fondé sur l’idée cagienne selon laquelle non seulement l’écoute attentive de l’environnement nous libère de la fatigue liée à l’activité inconsciente de filtrage auditif, mais celle-ci peut nous procurer du plaisir auditif. D’un autre côté, cette sensibilisation offre la possibilité d’attribuer de façon schaferienne une cause aux sons qui nous envahissent, ce qui nous permet de comprendre que ces sons, même s’ils sont inframinces, révèlent une pollution plus grave, liée à la consommation énergétique des machines, à leurs composants électroniques – comme les terres rares – ou gazeux – comme les gaz réfrigérants HFC. À partir d’une écoute esthétique et de sa mise en relation avec l’écologie sonore, nous pouvons alerter sur l’urgence de chercher des solutions écologiques moins toxiques pour l’environnement.

Thesis resume

The PhD thesis entitled “These sounds that invade us” explores how to listen to our soundscape saturated by many low-intensity technological sounds. The omnipresent fog of noise complicates our listening to the world. Our unconscious reflexes of filtering sounds are exhausting, and even likely to trigger environmental illnesses. The main goal objective of this thesis is to warn about the invasion of sound and to seek ways to take care of our fragile ability to listen. The importance of this question lies in an ecosophical approach that links Guattari's three ecologies. Registered in the mention "Practice and Theory of Artistic and Literary Creation", this thesis proposes to archive in an artistique way, listen and recycle what we could consider as low intensity sound waste. In this way instead of suffering these nuisances, we listen to them attentively. The central issue is to determine whether an artistic creation, falling within the scope of sound art, is likely to denounce the sounds that invade us and, through this awareness, to lead the public to develop a clearer understanding of their environment and 'to be better connected to the world. This problem is confronted with an academic quarrel traditionally opposing the World Soundscape Project initiated by Murray Schafer proposing a heteronomous and documentary aesthetic of sound and the philosophy of music and sound advocated by John Cage proposing, for its part, a sound freed from the image, autonomous and embodied. The methodology adopted in this thesis is a mix of research-creation and interpretative and qualitative methodology. The artistic creation of this thesis is similar to an academic art which makes it possible to offer an aesthetic experience and to collect data in the form of impressions and stories of experience from a public which thus collaborates in an active and engaged manner to this study. The main result of this research is the development of a typology of five postures for listening to the sounds that invade us. This typology allows us to outline the theorization of a new concept: the care of listening. This is based on the Cagean idea that attentive listening to the environment not only frees us from the fatigue associated with the unconscious activity of auditory filtering, but also provides us with auditory pleasure. On the other hand, this awareness offers the option of attributing in a Schaferian way a cause to the sounds that invade us, which allows us to understand that these sounds, even if they are infrathin, reveal a more serious pollution, linked to the energy consumption of machines, their electronic components – such as rare earths – or gases – such as HFC refrigerant gases. From an aesthetic listening and its connection with sound ecology, we can alert to the urgency of seeking ecological solutions that are less toxic to the environment.