Dujardin, Fanny

Fanny Dujardin travaille actuellement à l’écriture d’une thèse de doctorat, sous l’intitulé : « Écrire avec les voix des autres : poétiques et politiques de la parole dans le documentaire radiophonique ». Cette thèse de recherche-création s’inscrit au sein du laboratoire PRISM, sous la direction de Natacha Cyrulnik (PRISM), la co-direction de Karine le Bail (CRAL) et l’encadrement artistique de Mehdi Ahoudig (réalisateur de documentaires radiophoniques). Sa recherche s’intéresse à l’expression sonore documentaire, à la diversité des modes d’énonciation de la parole enregistrée, et à la polyphonie du texte radiophonique, dans une perspective interdisciplinaire, mobilisant des outils littéraires, sociolinguistiques, esthétiques et philosophiques. Elle étudie notamment les rapports de domination que peuvent induire certaines manières d’enregistrer et de présenter les voix, et les techniques qui permettent de déjouer ces rapports chez un ensemble de documentaristes contemporains. L’apport de l’anthropologie est également important dans ses recherches, notamment dans sa dimension réflexive, quand elle interroge les politiques de l’enquête, et la possibilité de développer des formes d’écritures alternatives au texte écrit.

Fanny pratique la création sonore depuis 2016, après une formation à l’écriture et à la réalisation documentaires au master CREADOC d’Angoulême. Ses premières réalisations sonores travaillent le rapport entre les voix, les lieux et l’histoire (Le Désensableur, en compétition au festival Longueur d’Ondes, 2017). Pendant sa formation elle réalise également plusieurs courts-métrages, notamment Un petit air (diffusé au festival Paul va au cinéma en 2018). Elle travaille ensuite à des narrations sonores polyphoniques qui donnent à entendre la subjectivité des acteurs engagés dans les luttes sociales contemporaines : la lutte pour le droit au logement, auprès des habitant·e·s d’un squat à Angers (dans La Grande Ourse, 2019, diffusé à Longueur d’Ondes), ou le mouvement contre la réforme des retraites à travers l’expérience d’une radio-éphémère constituée pour documenter et accompagner cette lutte (dans Radio d’auto-défense populaire, fragments composés, co-réalisé avec Jimmy Kirnisky, en 2020). En 2019 elle reçoit la bourse Brouillon d’un rêve sonore de la SCAM pour un projet autour du réalisme magique en Colombie, temporairement interrompu par la pandémie. Entre 2018-2019, elle collabore à deux émissions de création sonore sur Radio Campus Paris, ainsi qu’à des sessions de radiophonie collectives et éphémères en Creuse ou en Charente. Depuis mars 2020, elle co-anime la page Réverbération avec la revue laviemanifeste, proposant une sélection régulière de documents sonores. Elle est également membre de l’association de création sonore Copie Carbone qui réalise des créations collectives et organise des séances d’écoute à Marseille.

Elle finalise actuellement un documentaire sonore, co-réalisé avec Claire Messager, sur la découverte de la ZAD de Notre-Dame des Landes, et des notions d’auto-gestion, et d’organisation horizontale par un groupe d’enfants lors d’un séjour de vacances. Prenant le pari d’une forme immersive, sans interviews directes, composée uniquement de voix en interaction, de scènes collectives, ou de matériau radiophonique réalisé par les enfants eux-mêmes, ce projet tente d’approcher le point de vue des enfants sur les valeurs et l’imaginaire zadiste, entre convergences et décalages comiques.