Ma thèse, inscrite dans la discipline "Pratique et théorie de la création artistique" (direction Thierry Roche et Denis Gheerbrant), inclut la production de mon film documentaire, Habités. Le film raconte ma rencontre avec quatre habitants de Marseille qui vivent entre raison et déraison. Considérés comme ‘fous’ par la société, ils habitent néanmoins en ville. Entre des périodes d’hospitalisation, accompagnés par des soignants, ils tentent de s’élancer vers le monde commun. Des fuites, des arrêts, des tentatives… — ils s’efforcent d’habiter, d’être présents, alors qu’ils sont eux-mêmes habités, inspirés. Riches de leur lucidité particulière, ils s’arriment à notre réalité ; ils en connaissent une autre. Le film suit dans la ville la chorégraphie singulière de leur corps.Il nous offre l’espace où nous pouvons ensemble jouer avec leur folie.
La bande annonce du film : https://vimeo.com/548381124
Cette thèse explore les représentations que j’avais de la folie, préalables à la réalisation du film, ainsi que les tabous inhérents au geste de sa mise en scène. Puis elle explore les enjeux de ce processus de création, tant pour moi que pour les personnes filmées qui l’ont traversé en se montrant autant qu’en se cachant. Je re-parcours les doutes du montage, « la forme en voie d’elle-même » qui peine à émerger. En effet, se sont opposées au montage le poids de ma raison, implicite dans la maîtrise de la narration, et le désir de faire un « film fou ».
J’interroge ce que peut le cinéma, ce qu’il soigne ou répare auprès du spectateur, de la personne filmée et de moi-même.
Je m’appuie sur la pensée de Henri Maldiney et celle de Pierre-Michel Menguer. À partir de ce très particulier processus de création, je revisite les films qui m’ont aidée, documentaires ou expérimentaux, inspirés par le motif de la folie.
