Soutenance de thèse de Valerie CIBOT

Ce doctorat s’articule entre une partie recherche et une partie création, reliées par un volet intercalaire. Sa problématique part de la crise de sensibilité que nous traversons vis-à-vis du vivant : comment écrire de façon à diminuer les biais que l’ontologie naturaliste propre au monde occidental nous impose dans nos rapports aux non-humains ? Pour y répondre, ce travail se place sous le signe du végétal, en tant que modèle pourvu d’une forme, d’une temporalité et d’un rapport synergique à ce qui l’entoure. Je conçois ainsi la recherche-création comme un « geste jardinier » capable de faire émerger une littérature des liens. Au sein d’un « Jardin de l’entrelacement » qui poursuit une réflexion rhizomique aux enjeux théoriques et critiques, chaque notion correspond à une plante choisie pour son potentiel analogique. Huit plantes nous font ainsi cheminer de nos relations au vivant à la symbiose et aux métamorphoses, jusqu’à l’apparition de la chimère. Cet être hybride d’ascendance mythique, « figure multisensorielle » pour Donna Haraway, est capable de faire émerger de nouveaux récits, des fabulations symbiotiques ouvrant des possibles. Le volet intermédiaire de la thèse, intitulé « Les Graines de la fiction », expose le lien entre les connaissances dégagées dans la partie théorique et le processus de création du roman. Il met au clair les nombreux allers et retours entre la recherche et l’écriture. Il traite ainsi de tissage, d’effets d’échelle, de porosité, de polyphonie et de devenir-révolutionnaire. Enfin, la troisième partie est constituée par le récit auquel ont abouti ces années entre recherche et création, Fleur de peau.

This doctorate is articulated between a research part and a creation part, linked by an intermediate section. Its problematic starts from the crisis of sensitivity that we are going through vis-à-vis the living: how to write in such a way as to reduce the biases that the naturalistic ontology specific to the Western world imposes on us in our relationships with non-humans? To answer this, this work is placed under the sign of the plant, as a model provided with a form, a temporality and a synergistic relationship to what surrounds it. I thus conceive of research-creation as a “garden gesture” capable of bringing out a literature of links. Within a “Garden of interlacing” which pursues a rhizomic reflection on theoretical and critical issues, each notion corresponds to a plant chosen for its analogical potential. Eight plants thus take us on a journey from our relationships with the living to symbiosis and metamorphoses, until the appearance of the chimera. This hybrid being of mythical ancestry, “multisensory figure” for Donna Haraway, is capable of bringing out new stories, symbiotic fabulations opening up possibilities. The intermediate part of the thesis, entitled “The Seeds of Fiction”, exposes the link between the knowledge released in the theoretical part and the process of creating the novel. It clarifies the many back and forth between research and writing. He thus deals with weaving, effects of scale, porosity, polyphony and becoming-revolutionary. Finally, the third part is made up of the story that resulted from these years between research and creation, Fleur de peau.