Soutenance de thèse de Anne-Marie BUTZEK

Ecole Doctorale
Langues Lettres et Arts
Spécialité
LANGUE ET LITTERATURES FRANCAISES
établissement
Aix-Marseille Université
Mots Clés
écriture littéraire,processus d'écriture,interdisciplinarité,processus cognitifs,
Keywords
literary writing,writing processes,interdisciplinarity,cognitive processes,
Titre de thèse
Les processus de l’écriture littéraire du point de vue génétique et psycholinguistique : étude de cas
The processes of literary writing from a genetic criticism and psycholinguistic point of view : a case study
Date
Lundi 18 Décembre 2023 à 14:00
Adresse
Maison de la recherche Aix-Marseille Université 29 avenue R. Schuman 13621 Aix-en-Provence
colloque 2
Jury
Directeur de these M. JEAN-MARC QUARANTA Aix Marseille Université
Rapporteur M. Thierry OLIVE Université de Poitiers
Président Mme Claire DOQUET Université de Bordeaux
Rapporteur Mme Isabelle SERçA Université de Toulouse Jean Jaurès
CoDirecteur de these Mme Marie-Laure BARBIER Université d'Aix-Marseille
Examinateur Mme Nathalie BONNARDEL Université d'Aix-Marseille
Examinateur M. Christophe LEBLAY Université de Turku

Résumé de la thèse

Cette thèse vise à étudier l’écriture littéraire et plus précisément les processus qui la soutiennent. Comme il s’agit d’une activité complexe dépassant facilement les frontières entre différentes disciplines de recherche s’y intéressant, il semble propice de l’aborder d’un point de vue interdisciplinaire de la critique génétique et la psycholinguistique. La critique génétique permet de tracer in fine la dynamique de l’écriture et la psycholinguistique met en lumière les processus cognitifs sous-jacents. Qu’on l’appelle écriture littéraire, écriture de création ou création littéraire, il est ainsi possible de l’étudier malgré l’aura quasi-mystique dont elle est toujours enveloppée et malgré l’absence de définition, voire de termes qui ferait consensus. Les objectifs de cette thèse sont d’abord d’ordre méthodologique. Il s’agit de construire un cadre interdisciplinaire génético-psycholinguistique qui, pour délimiter l’objet, peut s’appuyer sur l’opposition de l’écriture dite ordinaire – les tâches d’écriture de tous les jours comme la liste de course, le texto, le rapport d’une réunion de travail – à l’écriture littéraire non-ordinaire, moins routinière, plus créative. Afin de décrire et de mieux comprendre sa logique, de nombreux concepts ont été développé par la critique génétique ainsi que par la psycholinguistique, concepts qui s’avèrent souvent congruents. Outre l’objectif méthodologique, il y a donc également un objectif d’ordre théorique : appliquer les concepts psycholinguistiques à l’étude de l’écriture littéraire sert à évaluer leur potentiel et également à identifier le terrain commun des deux disciplines. Un dernier objectif vise à (commencer à) cerner quelques-unes des possibles particularités de l’écriture littéraire en tant qu’activité écrite non-ordinaire, en partant des modèles proposés en psycholinguistique et en les raccordant aux conceptions de la critique génétique et de la créativité. Enfin, cette thèse pourrait préparer le terrain des études expérimentales, des études scientifiques sur l’écriture littéraire. Suivant une démarche qui n’est pas démonstrative mais exploratrice, l’étude aborde l’écriture littéraire selon l’expertise des auteurs et des contextes. Elle s’intéresse à l’écriture telle qu’elle est pratiquée par des étudiants suivant un parcours professionnalisant en la matière, l’écriture des écrivains professionnels contemporains et l’écriture des écrivains canoniques conservée. Des méthodes psycholinguistiques et génétiques sont employées. D’une part, un outil d’enregistrement de la frappe au clavier a été créé pour recueillir des données de production et de révision (quantitatives et qualitatives) auprès d’étudiants en Lettres d’Aix-Marseille Université (n=12) et d’écrivaines professionnelles (n=2) ainsi qu’à transcrire deux folios de Marcel Proust. D’autre part, le dossier génétique de chaque écriture est restitué. L’analyse porte sur les composants de l’écriture (les jets textuels et les opérations génétiques fondamentales), les logiques de la microgenèse et celles de la macrogenèse à travers plusieurs séances, ainsi que les processus cognitifs, génétiques et créatifs.

Thesis resume

This thesis aims to study literary writing and, more specifically, its underlying processes. Since literary writing is a complex activity easily transgressing boundaries between different research disciplines, it seems worthwhile to look at it from an interdisciplinary perspective that combines genetic criticism (“critique génétique”) and psycholinguistics. Genetic criticism allows us to trace writing dynamics in detail, whereas psycholinguistics sheds light on the cognitive processes involved. Whether it is referred to as literary writing, creative writing or other, its study is thus possible despite the quasi-mystical aura that still surrounds it and despite the absence of a clear-cut definition of what literary writing actually is (not to mention a consensual terminology in the francophone community). The objectives of this thesis are first and foremost methodological. We attempt to build an interdisciplinary, genetico-psycholinguistic framework that, in order to pinpoint the object of study, can be based on the dichotomy between so-called ordinary writing – everyday writing tasks such as shopping lists, text messages, minutes to a work meeting – and literary writing that is non-ordinary and less routinised writing. Many different concepts have been developed by both genetic criticism and psycholinguistics to describe and understand the logic of literary writing and these concepts often turn out to be congruous. In addition to our methodological objective, there is also a theoretical objective : the application of psycholinguistic concepts to the study of literary writing makes it possible to evaluate their potential and also to demarcate the common ground between psycholinguistics and genetic criticism. Another goal is to (start to) delimit some of the particularities that literary writing might be characterised by, based on the models psycholinguists have continued to develop that can be linked with conceptions proposed by genetic criticists and by researchers interested in creativity more generally. Finally, this thesis seeks to prepare the ground for more elaborate scientific studies of literary writing and even for experimental studies. Following a non-experimental, exploratory approach, the study at the heart of this thesis investigates three different manifestations of literary writing, i.e. writing by students enrolled in a literary writing course, writing by contemporary professional writers and writing by canonical writers that has been conserved. Methods stemming from psycholinguistics as well as genetic criticism are employed. On the one hand, keystroke logging technology serves to collect (quantitative and qualitative) data on production and revision in students of Literature at the University of Aix-Marseille (n=12) and in professional writers (n=2), but also to transcribe two pages from the notebooks of Marcel Proust. As a corollary, an alternative to the frequently use keystroke logging tool Inputlog is introduced and assessed (Schnappi). On the other hand, the so-called genetic dossier (“dossier génétique”) of each writing project is reconstructed. The analysis then concerns constituents of writing (text bursts, fundamental writing operations), the logic at work on a microgenetic level within a single writing session as well as the logic at work on a macrogenetic level over the course of multiple sessions and, eventually, cognitive, genetic and creative processes.