Soutenance de thèse de Gianluca LEONCINI

Ecole Doctorale
Langues Lettres et Arts
Spécialité
LANGUES, LITTERATURES ET CIVILISATIONS ROMANES :Etudes italiennes
établissement
Aix-Marseille Université
Mots Clés
Mirages,Traduction,Réécriture,Baudelaire,Les Fleurs du mal,Traducteurs italiens,
Keywords
Mirages,Translation,Rewriting,Baudelaire,The Flowers of Evil,Italian translators,
Titre de thèse
Traductions et mirages. Réécritures des "Fleurs du mal" en italien
Translations and mirages. Rewriting "The Flowers of Evil" in Italian
Date
Samedi 16 Décembre 2023 à 9:00
Adresse
Faculté de Lettres, bâtiment Multimédia 29, avenue Schuman 13621 Aix-en-Provence
Salle de colloque 1, bâtiment Multimédia
Jury
Directeur de these Mme Perle ABBRUGIATI Aix Marseille Université
Rapporteur M. Martin RUEFF Université de Genève
Rapporteur Mme Céline FRIGAU-MANNING Université Jean Moulin Lyon 3
Examinateur M. Alexis NUSELOVICI Aix Marseille Université
Examinateur M. Bernard FRANCO Université Paris-Sorbonne
Président M. Yannick GOUCHAN Aix Marseille Université

Résumé de la thèse

Le linguiste André Lefevere a théorisé le pouvoir de réfraction de la réécriture. Le terme réfraction renvoie aux mirages, phénomènes optiques (de réfraction atmosphérique) amenant à percevoir des figures flottant dans les airs. Sorte d’écho visuel, le mirage est le reflet — rarement précis, jamais fidèle, parfois inversé, en miroir — d'entités ou d’objets lointains. Selon notre hypothèse de travail, la thématique du mirage se révèle consubstantielle aux mécanismes de la traduction ; chaque hypertexte par conséquent sera considéré à travers une triple perspective : comme le mirage du texte-source, comme le mirage de la nature et de l’esprit du traducteur, comme le mirage de sa bibliothèque. Au sein de ce mirage ternaire convergent, en se recombinant, LUI (l’auteur traduit), MOI (le traducteur et son bagage cognitif, émotionnel, axiologique), LES AUTRES (le souvenir, l’influence des pages auparavant lues et aimées). Au fur et à mesure que le traducteur réécrit l’œuvre d’autrui, non seulement ses caractères innés, ses déterminations sociales, historiques et culturelles, mais aussi son vécu réel, onirique et surtout intertextuel (où il puisera inévitablement quelques solutions ou certaines suggestions) remontent à la surface. Afin de le prouver, en nous appuyant sur trois types d’écriture différents, nous analyserons trois interprètes majeurs des Fleurs du mal en Italie : un poète, Giorgio Caproni, caractérisé par une expression ciselée, proche occasionnellement de l’hermétisme, et dont les vers brefs et denses sont traversés par le silence, par un désespoir apaisé ; un écrivain, Gesualdo Bufalino, qui déploie sa formidable créativité linguistique et entretient un rapport enjoué avec ses propres sources et modèles ; un éminent universitaire, Antonio Prete, ayant publié des ouvrages de critique littéraire et de théorie de la traduction.

Thesis resume

The linguist André Lefevere has theorized about the refractive power of rewriting. The term refraction refers to mirages, optical phenomena (of atmospheric refraction) consisting in perceiving figures floating in the air. A kind of visual echo, mirage is the reflection — rarely precise, never faithful, sometimes inverted — of distant entities or objects. According to our working hypothesis, the theme of mirage is consubstantial with the mechanisms of translation; each hypertext therefore will be considered through a triple perspective: as the mirage of the text-source, as the mirage of the translator’s nature and mind, as the mirage of his library. Within this ternary mirage converge, recombinating, HE (the author having been translated), MYSELF (the translator and his cognitive, emotional, axiological baggage), OTHERS (the memory, the influence of the books previously read and loved). As the translator rewrites someone else’s work, not only his innate character, his social, historical and cultural determinations, but also his real, dreamlike and above all intertextual experience (from which he inevitably draws some solutions or some suggestions) therefore rise to the surface. To prove this, relying on three different ways of writing, we will analyze three major translators of The Flowers of Evil in Italy: a poet, Giorgio Caproni, characterized by a chiseled expression, occasionaly close to hermeticism, and whose short and dense verses are crossed by silence, by a pacified despair; a writer, Gesualdo Bufalino, who deploys his formidable linguistic creativity and maintains a playful relationship with his own sources and models; an eminent academic, Antonio Prete, who has published books on literary criticism and translation theory.