Boë, Caroline

Caroline Boë est artiste sonore et compositrice. Depuis 2013, elle se consacre à la recherche-création musicale en sound-art. Actuellement doctorante au sein du laboratoire PRISM (Aix-Marseille-Université/CNRS) sous la direction scientifique de Christine Esclapez et la direction artistique de Peter Sinclair, son domaine de recherche concerne la pollution sonore, l’art relationnel et le web-art. Elle est reconnue pour ses installations musicales (au GMEM/CNCM, au Palais de Tokyo) et ses performances pour partitions graphiques (au musée des Beaux-arts de Marseille, à la Cité Radieuse Le Corbusier). Entre 1995 à 2013, elle a composé plusieurs musiques contemporaines de spectacle vivant (théâtre, chorégraphies, poésie-opéra avec Selma et Sofiane Ouissi, Fany Tirel, Didier Berjonneau, Bruno Mallet, Christophe Boulanger et Jean-Pierre Lemesle, Régine Géraud) et a réalisé de nombreuses installations musicales pour des expositions collectives d’art contemporain. C’est aussi l’époque de sa recherche musicale avec les chants oiseaux et des parcours sensoriels dans le noir avec Didier Berjonneau. Entre 1987 à 1995, dans le cadre de la société de post-production son Paris Dièse dont elle était gérante, elle a composé des musiques de commande pour la radio (France Musique, France Culture) et pour la télévision (CNN International, Rai Uno, Arte, la 5, Canal +, France 3, France 2, TF1). https://carolineboe.fr/

Ces sons qui nous envahissent, du dénoncer à l’énoncé est une thèse dont l’objectif est une recherche en art (Huyghe, 2017), ciblée vers l’écologie sonore. Souvent, nous apprécions les sons de la nature, et peut-être, rêvons-nous d’une écoute claire (Schafer, 2010). Or, il est quasiment impossible aujourd’hui d’écouter un oiseau chanter ou une goutte d’eau tomber, sans que le son ne soit parasité par une multitude d’autres sons environnants (Hempton, 2016). Cette constatation m’engage à dénoncer certains sons qui nous envahissent à notre insu, qu’on nous impose, et qui s’opposent à notre écoute claire (Kubisch ; Bird & Renoult). Il s’agit donc d’explorer des sons anthropophoniques – néologisme pour les distinguer des sons géophoniques ou biophoniques (Krause, 2013) : les isoler pour les archiver en base de données web, dans une attitude dénonciatrice des dégâts sonores liés à l’activité humaine, pour ensuite les énoncer en s’intéressant à leur substance singulière, de façon matiériste, et les composer musicalement, dans la lignée d’une esthétique du rejet, (Bourriaud, 2017). Ceci leur confère un statut ontologique (Dagognet, 1997) dans son essai de philosophie écologique sur les détritus. Composer avec cette palette sonore se rapproche d’un certain activisme (Polli, 2012), activisme qui cherche à « renforcer la conscience environnementale et sociale » pour « favoriser les changements dans les pratiques sociales et culturelles ».