Vauthier, Thomas

Thomas Vauthier est né en 1993 à Paris. Après des études d’architecture, il intègre l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs à Paris, au sein du secteur Photo/Vidéo (2013-2018). Il s’intéresse aux limites qui circonscrivent la notion d’art - privilégiant les potentiels de la pratique artistique plutôt que de la production d’œuvre - qu’il explore à travers le concept de dés-œuvrement. Sa pratique se déploie autour de trois axes : projets collectifs et performatifs, enquêtes urbaines, peintures digitales.

Thomas Vauthier met en place des situations expérientielles tentant d’éprouver le potentiel d’un faire-collectif de la pratique artistique, dans le registre amoureux (Protocole) ou dans celui de la communauté (Dés-œuvres de jeunesse). Sa démarche se déploie également autour du design et de l’animation de dispositifs socialement engagés, que cela soit la création d’une cantine participative (In Vivo), ou son implication dans un tiers-lieu, Lizières, centre culturel de résidences et d’expérimentations socialement engagées, dont il est président de l’association. À travers l’usage du médium photographique, il se place en témoin des évolutions urbanistiques, documentant des villes souffrant de dynamiques de dévitalisation (Onomichi Monogatari) et des formes de natures citadines qu’elles soient uniquement décoratives (Transfiguration) ou au contraire qu’elles manifestent une sorte d’ensauvagement informel (Kyoto Survey). Enfin, dans sa pratique picturale, il s’intéresse aux potentiels de dématérialisation qu’offrent les nouvelles technologies, avec un intérêt pour le motif des ruines et de l’entropie (Le devenir-ruine) et en cherchant à sonder l’inconscient computationnelle grâce à des images générées par des systèmes neuronaux et des formes d’intelligences artificielles (Metapets).

Depuis 2018, il développe, au sein de l’EUR ArTeC et dans le cadre de son doctorat à l’Université Aix-Marseille, un nouvel axe de recherche autour des pratiques artistiques socialement engagées japonaises (art projects, アートプロジェクト). Thomas Vauthier effectuera dans cette optique un séjour d’études au Japon entre 2022 et 2023, avec le soutien du ministère japonais de l’Education, de la Culture, des Sports, des Sciences et de la Technologie (bourse de recherche MEXT).

Son projet de recherche est intitulé : "Les pratiques artistiques japonaises de revitalisation depuis 1990 : médier et remédier aux catastrophes. Pour une poiétique du dés-œuvrement". 

Suite à une période de bénévolat auprès d'une association de la ville d'Onomichi, Thomas Vauthier s'intéresse à la problématique de la transition post-industrielle au Japon notamment au délaissement de certains territoires (ruraux, périphériques), au vieillissement de la population et aux risques liés aux catastrophes naturelles et/ou humaines. A contrario, une partie de la population aspire à un changement de mode de vie, et à une réévaluation des valeurs modernes. Ce mouvement, qui partage des traits communs avec celui de la décroissance en France, se matérialise dans des tentatives de revitalisation (autant urbaine que psycho-somatique). Concomitamment à l'éclatement de la bulle spéculative, à l'accélération de la dynamique démographique et à la ré-occurrence de catastrophes majeures (1995, Kobe, 2011, Tohoku), une forme particulière d’art a émergé au Japon, brouillant les frontières entre la pratique artistique et l’activisme. Nommé “projet artistique” (アート・プロジェクト ato purojekuto, art project), celui-ci est le fruit d’un travail mutuel entre artistes et non-artistes œuvrant collaborativement dans une optique commune, à travers des modes de participation et de vie collective spécifiques. Cette étude s’attachera ainsi, à l’analyse de ces nouvelles caractéristiques, à travers une poïétique du concept de dés-œuvrement, soit d’un déplacement du statut de l’objet d’art en tant qu’une neutralisation (temporaire ou définitive) de sa qualité d’œuvre afin d’utiliser la pratique artistique comme potentialité de résilience. Ce projet de doctorat se déploiera suivant la méthodologie de la recherche-création, soit de la réalisation d'une recherche théorique (thèse) et d'un corpus de projets artistiques. Ces derniers seront de plusieurs ordres : production de documentaires photographiques (s'intéressant aux dynamiques urbaines et démographiques), curation d'expositions (mises en visibilité de pratiques existantes et étudiées dans la thèse) et actions socialement engagées (tentatives de remédiations concrètes).

Ses projets ont notamment été exposés à Kyoto (Galerie Yokai Soho, Institut Français du Kansai/Kyoto, Galerie Tomo), Tokyo (Centre d’art Spiral), et en France (Grand Palais, Galerie Le Huit, La Capela, La Générale, École Nationale Supérieure de la Photographie d’Arles, Fondation d’entreprise Ricard); et discutés dans de nombreuses institutions (Institut National d’Histoire de l’Art, Bibliothèque Nationale de France, Aix-Marseille Université, École Nationale Supérieure du Mans, Cité Internationale des Arts).

Site Internet : www.thomasvauthier.fr