Formé en France à l’Université et en Angleterre au Goldsmiths College de Londres, Renaud Bézy est un peintre qui fait des films. Depuis 2010, il enseigne les Arts Plastiques dans le département des Arts d’Aix-Marseille Université. Ses projets récents l’ont amené à travailler à Tahiti, en Polynésie Française et à Shanghai, en Chine. Il a dernièrement exposé dans un lieu tenu secret (exposition « La Taverne de Platon » à La Centrale*). Plus largement — et ce depuis 2014 — son travail manifeste un intérêt croissant pour les projets artistiques débordant le cadre de l'exposition, créant une porosité entre expérience du quotidien et expérience esthétique : participations au Bazaar Compatible Program (Paul Devautour, Yilan Xi), au City Cafe (Julie Vayssière), à Stand 6 (Julie Vayssière), aux convention aR** — noté aussi [conv-ar] — réunions discrètes (sinon secrètes!) d'artistes sur le modèle des convention de fans (type convention Star Wars).
Soutenue en 2020, ma thèse, menée sous la direction de Sylvie Coëllier (historienne de l’art et professeur émérite à Aix Marseille Université) et Paul Devautour (artiste, enseignant à l’Ensad de Nancy, fondateur de l’École Offshore à Shanghai) s’intitule « PAINT OUT ! La peinture dans le champ élargi ». Ce travail de recherche artistique et théorique procède de l'expérimentation au sens de John Dewey. Il porte sur les conditions et la possibilité d’une pratique picturale qui excède, déborde le cadre généralement assigné à la peinture — l’exposition — mais aussi ses caractéristiques physiques (toile, châssis, pigment). Mon hypothèse est que ce dépassement ne passe pas nécessairement par l’épuisement des formes artistiques dans une logique réductionniste et moderniste de disparition. Bien au contraire, il s’agit d’envisager la peinture comme une adresse qui fasse saillie dans un champ élargi ouvert à l’installation, à la performance, au film, voire à la relecture plus distanciée d’œuvres picturales.
Nourrie des réflexions d’auteurs théoriques et convoquant les œuvres d’autres artistes (mais aussi d’architectes, de designers, de cinéastes), la thèse s’articule autour de trois grands groupes de productions personnelles : des peintures installées et performées ; un cycle de films figurant un personnage de peintre intitulé Les Ballets Barbares ; et enfin un projet (La Datcha 2) qui fonctionne comme la relecture d'une toile collective peinte en 1969. Le mode d’écriture et d’analyse adopté ici procède de l’exploration, une déambulation au milieu d’éléments hétérogènes : concepts, œuvres, lieux, personnages. Pourtant, ce procédé ne saurait s’ériger en système tant il engage intuitions, expérimentations et tâtonnements comme autant de tentatives. Dès lors embarqué sur ce radeau, je pourrais faire mienne cette phrase de Fernand Deligny : « Il ne s’agit pas de méthode, je n’en n’ai jamais eu ».
* La Centrale est un lieu d’exposition créé par Nicolas Tourre en 2019. Cet espace, uniquement visible en ligne, existe bel et bien, quelque part le long des rives de l’Ardèche.
** dans ce projet initié par Philippe Blanc, Etienne Cliquet et Paul Devautour, il n'y a ni public, ni exposition, tout le monde est participant.