Dutrait, Claire

Cofondatrice du collectif Urbain, trop urbain (2010), Claire Dutrait mène des projets hybrides entre arts et sciences donnant lieu à des expositions, des performances et des livres. Inscrivant sa recherche d’écriture du côté des discards studies, ses projets font des déchets leur matière textuelle.

Déjà dans le livre d’artistes Périphérique intérieur (Wildproject, 2014) elle composait des poèmes de ce qui se rejette aux abords d’une ville. Au sein de l’exposition et du livre numérique Micromegapolis, quand une ville rencontre Gaïa (Urbain, trop urbain, 2015) elle écrivait le récit d’enquête sur les instruments mesurant ce qui s’échappe des activités humaines. Avec Attention décharge, elle proposait une visite de l’exposition Vies d’ordures à la conception de laquelle elle a participé comme membre de la direction artistique (MuCEM, 2017), et elle situait Aujourd’hui Eurydice, sa fable pétrochimique, sur les ruines de l’usine Kuhlmann de Port-de-Bouc (publie.net, 2018) – à partir de laquelle elle a composé une installation sonore, Le Génie du rivage, qui a trouvé place dans l’exposition La Sardine, le romarin et la torchères (Centre d’arts Fernand Léger, Port-de-Bouc, 2017).

Son projet d’écriture en Master d’écopoétique et création (AMU, 2021) a porté sur les restes de l’ancienne mine d’or et d’arsenic de Salsigne dans l’Aude (Métamorphoses en arsenic), tout en menant une réflexion sur les moyens littéraires de le faire (Une Catastrophe à écrire). Ces dernières années, déplaçant la question des déchets des territoires aux corps, elle a mené une enquête sur les techniques de gestion du flux des règles, dont elle a publié un premier pan dans la revue d’anthropologie Techniques et culture n°77 (2022) : Faire avec le flux. Tampons, coupes, complications et implications.

Dans le cadre de son doctorat, (D’écorces et de plomb : à la recherche de récits qui embarquent en zone critique) Claire Dutrait est impliquée comme auteure écopoète dans un projet arts-sciences-société (le projet AirGeo), par lequel des écorces d’arbres sont désignées en capteurs de la qualité de l’air qu’on respire dans une zone aux marges de Dakar où se sont installées des mines urbaines. 

Sous la direction scientifique de Catherine Mazauric et la direction artistique de Felwine Sarr, elle cherche par quelles formes le récit de ces écorces peut se charger de la représentation d’un territoire pollué, pour contribuer à le rendre respirable et habitable. Récits de matières, récits hybrides, récits de territoire… il s’agit en tout cas de faire du déploiement de ces capteurs-écorces une occasion de redéfinir les arts du récit en situation d’urgence écologique.

 

Des créations à découvrir sur la toile :

https://www.urbain-trop-urbain.fr/author/claire-dutrait/

http://www.periphstrip.fr

http://eurydice.publie.net

https://sardineromarintorchere.com/2018/04/17/le-genie-du-rivage-creation-sonore/

http://www.zoneclaire.fr/category/projets/renverser_les-modernes/

https://airgeo.hypotheses.org/category/au-fil-des-enquetes